Ah la dépression !! stigmatisée, redoutée, incomprise, moquée, elle mérite que l'on s'y attarde pour bien comprendre ce que c'est.
La dépression est une maladie appelée "épisode dépressif majeur" qui n'a rien à voir avec une phase de déprime comme tout le monde peut en avoir. La déprime, elle, est efficace car elle est active, elle est une baisse de moral, suite à un changement difficile, qui nous fait réfléchir et nous pousse à agir.
La dépression, c'est l'inverse, on ne réfléchit plus, on n'agit plus.
La dépression, c'est sérieux, c'est grave et on ne s'en sort pas avec de la volonté et un coup de pied aux fesses !
La dépression ça dure, ça empoisonne la vie, ça empêche d'avancer, ça coupe l'appétit, ça empêche de dormir, ça fait voir tout en noir, ça ralentit, ça empêche de comprendre, ça peut même empêcher de parler et ça peut surtout amener au suicide.
La dépression c'est la dévalorisation poussée à son extrême, c'est une saturation d'impuissance, c'est un cercle vicieux.
La dépression c'est aussi l'incompréhension des autres qui ne réalisent pas l'ampleur des dégâts et qui en voulant bien faire font souvent le contraire. Le dépressif, lui ne peut pas s'empêcher de penser que quoi qu'il fasse, ça ne sert à rien, il est négatif, pessimiste, triste, fatigué, alors on a envie de lui remonter le moral, de le pousser à sortir, de lui montrer le bon côté des choses, mais lui n'y arrive pas, alors il culpabilise et se dévalorise encore plus, et c'est reparti dans une spirale négative.
La dépression touche le lobe frontal et donc les aptitudes intellectuelles de réflexion, de planification, de projection qui empêche toute possibilité de positiver et de s'en sortir tout seul.
Alors que faire ?
Au niveau médical, consulter, mesurer la thyroïde dans un premier temps puis expliquer les symptômes et si nécessaire prendre des antidépresseurs. Oui, des antidépresseurs ! Ce n'est pas une honte, c'est un médicament qui soigne la dépression, c'est un médicament qui joue sur la sérotonine, ce n'est pas le début d'une addiction mais un traitement médicamenteux de six mois à un an avec un suivi puis un arrêt progressif qui peut tout changer. Au niveau psychologique, consulter aussi et surtout ! Il est nécessaire de comprendre ce qui se passe, les pensées, les comportements, le cercle vicieux, de creuser pour comprendre d'où vient la dévalorisation, de travailler sur les émotions, de changer de perspective afin de relativiser, de diminuer les distorsions, de rendre la vision du monde plus réaliste. Il est important de se faire aider pour reprendre prise sur sa vie en combattant sur tous les plans et de prendre le temps nécessaire pour aller mieux.
C'est un travail de fond qui demande une implication de tous, le patient, le médecin, le psychologue et aussi l'entourage.
Les proches ont besoin de comprendre, d'être éduqués. ils sont souvent démunis, inquiets face à ces changements qui viennent bouleverser l'équilibre familial, amical ou professionnel. Certains se rendent compte de la gravité de la situation, ils alarment, ils poussent à consulter. D'autres passent à côté, essaient d'aider en minimisant, en plaisantant, en déniant, en donnant des conseils qui ne font qu'empirer la situation. Ceux là doivent se renseigner, comprendre la maladie, se débarrasser des idées reçues et changer de comportement, travailler leur impatience afin de devenir un soutien vers un mieux être à long terme.
Enfin, il faut rester vigilant, ne pas prendre les choses à la légère en arrêtant de consulter dès la première amélioration parce que la dépression est insidieuse et les rechutes sont courantes.
La dépression implique souvent de gros changements car il ne faut pas juste sortir la tête de l'eau, il faut remonter sur le bateau et s'assurer que la mer est plate et le restera.
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